Après le Tsar Kosy, qui a déclaré cet été que l’intégration avait échoué en France, Angela Merkel vient d’affirmer que le multiculturalisme avait échoué en Allemagne. Si l’on admet que ces deux génies contemporains ne sauraient avoir tort, il convient de s’interroger sur les alternatives possibles à ces échecs. Consultons sans tarder notre dictionnaire et recherchons les antonymes d’intégration et de multiculturalisme, afin de trouver mieux. Pour intégration, le livre des livres propose quatre mots : désintégration, séparation, exclusion et expulsion. La désintégration me semble être la solution finale. Enfin, je veux dire, celle à laquelle on devra se résoudre en dernier recours. Si les autres n’ont pas été couronnées de succès. La séparation, appelée sous d’autres cieux l’apartheid est déjà expérimentée, notamment dans les banlieues. A Neuilly, par exemple, on a choisi de séparer le bon grain de l’ivraie. Les riches avec noms à particules ou pédigrée sans tâches, acceptés les bras ouverts, les autres, repoussés vers le 93, dans des quartiers pourris. Mais même ailleurs, les propriétaires se refusent à louer leurs biens aux candidats dont le nom, la couleur, la religion ou les origines ne sont pas conformes à leurs exigences. De nombreux employeurs font de même. C’est une sorte de développement séparé. Les bons jobs et les beaux logements sont estampillés : « for white only ». Disons-le, la séparation est synonyme d’exclusion. Inutile donc de s’y arrêter. Reste l’expulsion. Ces derniers temps, c’est en effet devenu un sport national, avec records à battre, scores à afficher, objectifs à dépasser. J’exagère ? Dans son livre « Omerta dans la police », Sihem Souid, qui a longtemps travaillé comme agent de la Police de l’Air et des Frontières à Orly, décrit le zèle de certains de ses collègues pour atteindre les adjectifs fixés par le ministère. Elle explique : « On place en garde à vue pour un oui ou pour un non, on crée de toutes pièces des procédures pour expulser des gens en règle ou encore on fait croire qu’on a résolu un délit alors que ce n’est pas le cas. Uniquement pour rajouter des bâtons dans les statistiques”. Un cas anodin décrit par le policière courageuse est pourtant évocateur. Un touriste marocain arrive à l’aéroport avec son garçon. Ils viennent passer quelques jours en France, avec un visa en règle. On demande au papa de présenter, en argent liquide, la somme requise pour séjourner durant ces quelques jours. Il lui manque un peu plus de 10 euros. Il propose alors, avec sa Visa Gold International, d’aller jusqu’au distributeur le plus proche. On le lui interdit, et on embarque le père et le fils dans le prochain avion pour le Maroc. Ensuite, on trace deux bâtons de plus dans la case, « expulsés ». Il s’agit donc bien d’une espèce de concours. Il y a bien sûr beaucoup plus brutal. Pour gagner, tous les moyens sont bons. Voilà donc, en résumé, les alternatives à l’intégration, décriée par le Tsar. Venons-en au constat de Madame Merkel, qui fait suite aux jolies thèses de Monsieur Thilo Sarrazin. Pour les deux, le multi-kulti, c’est fini. Le multiculturalisme, c’est une faillite. Je m’empare à nouveau de mon dictionnaire et réclame les antonymes de ce mot compliqué. Cette fois, cinq propositions me sont faites : homogénéité, monoculturalisme, monolithisme, chauvinisme et xénophobie. Les deux derniers mots ont des connotations négatives et pourraient être interprétés comme un jugement. Je les ignore donc, faisant preuve d’une incroyable objectivité. Mais, attardons-nous sur les trois premiers, parfaitement neutres et dénués de toute connotation péjorative. Ils expriment plus ou moins la même chose : l’unicité, l’absence de diversité, la cohésion parfaite. Et là, je me permets de rappeler à Merkel que si le multiculturalisme lui apparaît comme un désastre, une erreur, un échec grave, elle n’a pas à chercher loin pour étudier les résultats d’une expérience de monoculturalisme, d’homogénéité parfaite, de monolithisme absolu. Le pays qu’elle dirige est celui qui, dans l’histoire, a poussé le plus loin l’expérimentation de ces solutions… Jusqu’à la finale ! Le rejet des influences étrangères nocives à la pureté de la race, le refus des autres cultures risquant d’infecter la vraie culture allemande, la lutte à mort contre tout ce qui est différent, allogène, cosmopolite, mélangé, métissé… l‘Allemagne a testé tout ça, non ? Je ne me rappelle plus. Ça avait été un succès ? Tout ça me fait penser à la citation d’Abraham Lincoln : « Si vous pensez que l’éducation coute cher, essayez l’ignorance».
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