D’aucuns pensent, un peu naïvement, que j’ai été furieux, le soir du 6 mai 2007, quand les petits écrans ont affiché la bobine du Tsar Kosy. Il n’en est rien. Ce soir-là, dès 20h et dix secondes, j’ai éteint la télé et je me suis frotté les mains. Satisfait de savoir que pour les cinq années qui allaient suivre, j’aurai un sujet d’indignation, de révolte, de dégoût, de franche rigolade, d’incrédulité, d’irritation, de rage, d’exaspération, de distraction, d’emportement… Bref, une mine inépuisable, une source intarissable, un réservoir illimité… qui allaient me fournir en fiel, en bile et en vitriol de quoi noircir des pages et des pages de chroniques amères et malveillantes ! Nous voilà bientôt au terme de ce bail. Pourquoi ne pas en reprendre pour cinq ans, me direz-vous ? Eh bien, parce que cinq ans ça suffit. Les pires choses ont une fin. Les meilleures plaisanteries sont les plus courtes. Donc, le 6 mai prochain, dès 20h et dix secondes, entouré de quelques amis, j’ouvrirai de nombreuses bouteilles de boissons alcoolisées et je me dégraderai la santé jusqu’au petit matin. Comment suis-je si sûr de faire la fête ce joli soir de printemps ? J’en suis sûr ! Car ça ne sera pas la victoire d’un candidat que je célèbrerai, mais la défaite du Tsar. Pour le voir défait, je voterais pour n’importe qui! Sauf Jean-Marine parce que je sais rester digne et propre même dans la colère. Sauf Dupont Gnagnan, parce que, quand même, faut pas déconner. Mais, à part pour ces deux-là, je serais prêt, pour éliminer l’usurpateur nuisible, à aller voter pour n’importe quel candidat. Je serais prêt à aller, à pied, voter pour un âne avec un bonnet. Ou pour de Galouzeau de Villepin avec un haut-de-forme. Pour écarter le malfaisant amateur de Coca (un dépendant au café est un caféïnomane, un dépendant au Coca, un ???), je serais prêt à aller, à cheval, voter pour une grenouille avec un chapeau. Ou pour Boutin avec une cornette. Pour nous débarrasser de Son Incompétence, je serais prêt à aller, à vélo, voter pour un ours avec un béret. Ou pour Bayrou avec un galurin. Pour licencier l’inculte vénal, je serais prêt à aller, en ULM, voter pour un blaireau avec un melon. Ou pour Mélenchon avec une casquette. Pour éjecter l’insignifiant omniprésent, je serais prêt à aller voter, à trottinette, pour un phoque sans couvre-chef. Ou pour Hollande tête nue. Pourquoi un tel besoin obsessionnel d’en finir avec ce personnage ? Oh, trois fois rien. D’abord, ça n’a rien à voir avec son physique baroque. Souvenons-nous des paroles de Confucius : « Sarkozy n’est pas petit, il est bas ». Mais il a d’autres traits de caractère un peu gênants. Il est, plus ou moins, et sans entrer dans les détails : cupide, sans scrupules, infidèle, déloyal, menteur, tricheur, inconstant, avide, prétentieux, vantard, monomaniaque, ignorant, calculateur, prévaricateur, autoritaire, amoral, corrupteur, bling-bling, nul, cruel, léger, lourd, capricieux, cynique, indécent, grossier et parfois légèrement obscène. Autrement, ça va. Après sa déconfiture du 6 mai, il se retrouvera seul, ou presque, car ses courtisans lui tourneront rapidement le dos, en l’accusant d’être responsable de la défaite. Ceux qui lui lèchent les bottes aujourd’hui, l’accableront alors avec tout autant d’ardeur ! Seuls demeureront les membres du premier cercle, les inconditionnels. Peu nombreux mais fidèles. Les Marine Nodano, Guéant, Hortefeux… Sacrée bande de bras cassés ! Mais, m’objecteront les prudents et les hésitants, sa victoire n’est-elle pas encore possible ? Non. Malgré tout ce qu’il pourrait inventer. L’enlèvement de la petite Giulia par des socialistes dissidents, l’explosion de la Tour Eiffel, les révélations du Figaro sur les tendances pédophiles de Hollande et Bayrou, la guerre contre Andorre, un strip-tease de Carla, la promesse de dons aux bons électeurs de Liliane Bettencourt-Toujours, Dassaut ou Bolloré… Rien n’y fera, le 6 mai, il fera ses valises . C’est écrit. Dans son horoscope : « Mauvaise époque pour le (S)agité ». C’est écrit dans Nostradamus (« En l’an deux mille et une douzaine, Au mois des fleurs et du muguet, Le jour sixième, Verra la fin de l’agité »). C’est écrit dans le Tome IV des œuvres complètes de Nicolas Sarkozy : »Casse-toi pov’ con » ! Et quel que soit celui qui le vaincra le 6 mai (sauf ceux que j’ai exclus pour raison raisonnable), je boirai à sa santé ! Et dès le lendemain, je pourrai critiquer, vitupérer, râler, protester, vilipender le nouveau locataire de l’Elysée, tout mon saoul ! Car, amis lecteurs, rassurez-vous, après le 6 mai et le départ de l’usurpateur, ça continuera à aller mieux en le disant !
Articles similaires
Commentaires sur cet article: Aucun
Saisir un commentaire