La maladie d’Alzheimer est devenue une cause nationale en France. Je dis bravo ! C’est grand, c’est noble, c’est beau. La maladie… Qu’est-ce que je disais déjà ? Ah oui, je disais bravo ! Mais pourquoi ? Ah oui, je disais, bravo la maladie. Non, je ne pouvais pas dire ça ! Donc, rien ne poussait sur cette étendue désertique… Mais de quoi, je parle là ? Ah oui, ça me revient. La France a attrapé la maladie d’Alzheimer. C’est pourquoi c’est une cause nationale. D’ailleurs, pour saluer la disparition d’Annie Girardot, le gouvernement s’est fendu d’un communiqué rendant hommage à une artiste « inoubliable ». Comme quoi, on peut avoir la fameuse maladie et faire de l’humour noir. Où en étais-je ? Ah oui, Girardot qui est devenue une cause nationale. Rapport aux problèmes de mémoire. Cà et là, d’improbables herbes desséchées bravaient les rayons dévastateurs d’un soleil oppressant. Mais pourquoi je raconte ça ? Ah oui, ça me revient. Personne n’a oublié Annie Girardot, son talent, sa gentillesse, ses qualités humaines et professionnelles. C’est pourquoi le gouvernement a dit qu’elle était inoubliable. Personne n’a oublié Annie Girardot. Sauf elle. Ah, la mémoire. On l’honore. Au féminin, mémoire est un mot qui colle avec le verbe honorer. Au masculin, mémoire, est associé au substantif honoraire. C’est pourquoi on reçoit des mémoires d’honoraires. C’est alors, soudainement, qu’un fracas terrifiant vint troubler l’épais silence qui engourdissait le paysage assommé de chaleur. Non, ça n’a rien à voir. Reprenons le cours de notre propos! Ah oui, ça me revient ! La mémoire… C’est de ça que je parlais. On oublie tout, chantait le poète. Peut-être pas tout, mais beaucoup. Faisons un test. Qui se souvient qu’il y a à peu près un an, le Premier Ministre luxembourgeois avait été reçu par le squatteur de l’Elysée, afin d’éviter un conflit sanglant entre le Grand Duché et la France ? Qui se souvient, qu’à l’issue de cette entrevue, alors que le premier luxembourgeois reprenait le TGV vers son pays (ce qui est honteux, car un vrai dirigeant d’un vrai pays ne se déplace qu’avec au moins deux avions), le service compétent du Palais avait annoncé une nouvelle stupéfiante. Le Chef de l’Etat français, par ailleurs coprince d’Andorre et Chanoine de Latran, Tsar de toutes les Frances, danseur étoile et prestidigitateur polymorphe, allait venir en visite d’Etat au Luxembourg. Les deux ambassadeurs en place, celui du Luxembourg en France et celui de France au Luxembourg n’en crurent par leurs oreilles. Un tel projet, aurait dû être préparé, négocié, réfléchi, agencé… par leurs soins. Ils en prirent connaissance en même temps que les journalistes et les agences de presse. Il faut dire, que ces deux hauts fonctionnaires, quelles que soient par ailleurs leurs estimables qualités humaines et professionnelles, n’ont jamais posé en caleçon de bain, abdos contractés et pectoraux saillants, sur des sites internet. Contrairement à l’inénarrable sarkoboy devenu ambassadeur à Tunis. Autant dire que ces deux diplomates sont terriblement out ! Bref, le type qui occupe l’Elysée, dont je ne parviens plus à me souvenir du nom, maudite mémoire, un truc du genre, tsar skyzo, acceptait d’offrir au peuple luxembourgeois l’honneur et l’avantage de sa visite. Des visites de chefs d’état français au Luxembourg, il n’y en a pas eu des masses. Les dernières furent celles de Coty en 57 et de Mitterrand en 92. Si ma mémoire est bonne… on est le combien aujourd’hui ? Ça doit être mercredi puisque je n’ai pas école. Mais, je me suis encore perdu dans mes souvenirs. Ah oui, ça me revient. Les visites d’état… en 54 ans, la France en a réservé deux au Luxembourg. Donc, celle que le tsar skyzo allait faire était chère, puisque tout ce qui est Loir et Cher. La date avait été annoncée. Fin mai ou début juin au plus tard. Fin mai ou début juin 2010. Sacré événement ! IL allait venir. Qu’on se le dise. Et puis, mai, juin, l’été, l’automne, un terrible hiver neigeux, les fêtes de fin d’année et la Saint Glinglin passèrent. Sans que l’ombre d’un soupçon d’un frémissement d’un semblant de visite n’ait jamais lieu. Croyez-vous que quiconque s’en étonna ? Que nenni ! Car, discrètement, de ce côté-ci de la frontière, tout le monde se félicita de l’oubli malencontreux du fameux tsar skyzo. Foutue mémoire ! Mais rendons grâce à Alzheimer. N’ayant jamais eu lieu, la glorieuse visite, ne laissa aucun mauvais souvenir !