Diversité ! Le mot est aujourd’hui à la mode. Qu’il s’agisse de la biodiversité ou des diversités culturelle, ethnique ou sociale. Pourtant, l’idée n’est pas nouvelle. Elle est même à la base de l’évolution des espèces. Pour que deux individus donnent naissance à un troisième, il faut qu’ils additionnent des différences. Différence de sexe, bien sûr, mais aussi différences génétiques. Il en va de même des sociétés. Quand Jean-Marie Le Pen déclare : « «J’aime mieux ma fille que mes nièces, mes nièces que mes cousines, mes cousines que mes voisines… », il profère, comme à son habitude, une énormité. Car il oublie simplement que la Loi fondatrice de l’humanité, c’est justement de s’allier à ce qui est étranger. Sauf à recommander la généralisation de l’inceste ! Or la consanguinité mène à la dégénérescence de l’espèce. Dans l’histoire, les civilisations refermées sur elles-mêmes, étanches aux échanges, réfractaires aux métissages, opposées aux mélanges… ont fini par végéter ou disparaître. L’exemple le plus terrifiant reste la tragédie nazie, basée sur l’affirmation démente de la pureté de la race, du mépris de la différence, de la quête meurtrière de la suprématie. Avec le résultat que l’on sait ! Les conséquences dramatiques de cette expérience criminelle, caricature de toutes les dérives sectaires basées sur l’exclusion et le nationalisme, ont conduit les pays les plus meurtris par la guerre à s’engager dans la voie d’une Europe unie et pacifique. Le Luxembourg en faisait partie. Le Luxembourg a beaucoup donné à l’Europe. Le Luxembourg a beaucoup reçu de l’Europe. Et il n’est pas étonnant, que, compte tenu de sa situation géographique, historique, économique, démographique, linguistique…, le Luxembourg ait, malgré sa taille, joué un rôle aussi important dans ce fantastique projet ! Autrefois situé au beau milieu des champs de bataille européens, le Grand-Duché s’est retrouvé naturellement au cœur d’un vaste espace de coopération et d’échanges, de paix et de progrès. Certes, cette Europe est perfectible. Certes, il lui arrive de décevoir. Aussi bien quand elle renonce à ses responsabilités que lorsqu’elle tend à se réduire à un espace de libre échange économique, oubliant sa vocation culturelle, solidaire et humaniste. Quand, à Strasbourg, tous les parlementaires membres du Parti Populaire Européen, groupe où siègent aussi bien les partisans de Sarkozy que ceux de Berlusconi ou les députés CSV, votent comme un seul homme (à une exception près) la tristement fameuse « directive de la honte »1, ils ne font pas honneur aux idées progressistes de l’Europe (3 des 6 députés luxembourgeois ont heureusement voté contre). Car l’Europe, c’est d’abord une terre d’intégration et ceux qui se plaisent à citer Michel Rocard qui avait déclaré un jour : « La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde », feraient bien de le citer en entier : « mais elle doit en prendre sa part ». Le mot France pouvant évidemment être remplacé par le mot Europe. L’Europe s’est enrichie des mouvements migratoires, elle s’est renforcée quand elle a su offrir les moyens de l’intégration, en offrant les moyens de la citoyenneté! Riches de nos différences, forts de notre diversité, nous ne nous retrouvons pas dans une Europe égoïste au service du profit de quelques-uns, mais dans une Europe plus sociale parce que socialiste, plus solide parce que solidaire. C’est cette vision de l’Europe qui me donne, encore plus en temps de crise, des raisons d’espérer et j’affirme, en paraphrasant François Mitterrand : l’Italie fut le pays de mon grand-père, la France mon pays natal, le Luxembourg est ma patrie d’adoption, et l’Europe est mon destin !
Claude Frisoni
- Directive qui autorise, sans jugement, la rétention d’un étranger en situation irrégulière, n’ayant commis aucun délit, jusqu’à 18 mois ! Le vote des députés européens luxembourgeois fut le suivant : – pour : Astrid Lulling, Lydie Polfer et Jean Spautz ; – contre : Erna Hennicot-Schoepges, Robert Goebbels et Claude Turmes. ↩
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