Les conseilleurs ne sont pas les payeurs, dit le proverbe. Un des leitmotivs les plus ressassés en temps de crise, c’est : « tout le monde doit faire des efforts ». Qui est ce fameux tout le monde ? Les autres ! Les autres, qui sont plus nombreux que moi ou même que nous. Pour peu nombreux qu’ils soient, les conseilleurs, qui bien sûr ne sont pas tout le monde, sont ceux qu’on voit le plus, qu’on entend le plus, et du coup, qu’on écoute le plus ! Il y a d’abord les experts, dont ma sagesse légendaire m’a fait dire : « pour survivre, les sociétés ont plus besoin de futures mamans que d’experts ». Qui les a désignés experts ? En vertu de quelle réussite exemplaire, de quelle longue expérience, de quels succès, s’auto-proclament-ils experts ? C’est un grand mystère. Ainsi, Jacques Attali, explique que tout le monde doit payer, car tout le monde est coupable, surtout les peuples qui ont élu des dirigeants qui ont dépensé sans compter. Lui, est innocent, qui n’a jamais soutenu un de ces fameux dirigeants ni dépensé sans compter. Lui, qui, à peine nommé à la tête de la BERD, avait commandé du marbre de Carrare pour le hall de son jouet, avant de se balader en jet privé et d’organiser une méga party somptueuse à Londres ! Très vite, le Financial Times révéla que le BERD avait dépensé deux fois plus d’argent pour elle-même que pour contribuer à la reconstruction des pays de l’Est, ce pour quoi elle avait été dotée de 10 milliards d’écus ! Ce qui n’empêche pas Monsieur Attali, par ailleurs excellent biographe, de pavaner sur les plateaux des chaines de télévision en rappelant que tout le monde est coupable. Tout le monde, c’est à dire les autres ! Il y a bien d’autres experts, dont le curriculum vitae est une longue liste d’échecs et d’erreurs ; ce qui leur donne le droit d’asséner d’un air sentencieux des conseils avisé pour faire payer tout le monde, c’est à dire, encore une fois, les autres ! Comme Alain Minc, qui a ruiné toutes les entreprises qu’il a dirigées, ou d’innombrables journaleux, favorables au rabotage des niches fiscales, sauf les leurs ! Mais il existe surtout des organismes dont la fonction même est de conseiller. L’un des plus respectés est l’OCDE. Dans son récent rapport, ce machin recommande ce qui suit pour la France : « Une réduction des dépenses publiques s’impose pour diminuer le déficit budgétaire et permettre la baisse des prélèvements sur le travail et les entreprises… Des réformes du marché du travail – notamment une nouvelle définition du licenciement économique, la simplification des procédures de licenciement sont indispensables pour stimuler la création d’emploi ». L’OCDE conseille également de réformer les systèmes de retraite, de limiter les dépenses sociales, bref d’appliquer une rigoureuse rigueur à tout le monde ! Donc aux autres ! Il faut savoir que l’OCDE a un budget de 347 millions d’euros par an, auquel contribuent les états membres (6,8 millions pour la France, 0,33 million pour le Luxembourg). On peut imaginer que cet organisme s’applique à lui même la rigueur qu’il souhaite voir imposer à tout le monde ! A titre d’exemple, le salaire d’un économiste ou d’un analyste politique commence à 7609 euros. Auxquels s’ajoutent 6% d‘allocation de foyer et des indemnités diverses. Les émoluments d’un directeur débutent à 11399 euros par mois. Pour ce qui est de la politique familiale, l’OCDE aime bien les enfants. En effet, l’allocation pour enfant à charge est de 312,97 euros par mois, plus 87,61 euros par enfant expatrié. A titre de comparaison, en France, pays où est installé l’OCDE, les allocations familiales pour un enfant s’élèvent à… zéro euro ! Ça n’est qu’à partir du deuxième enfant qu’un couple perçoit 127,05 euros ! Résumons, chez les conseilleurs, un couple perçoit, pour deux enfants, un minimum de 625,94 euros, alors que chez tout le monde, c’est 127, 05 ! Qu’en est-il des retraites, dont l’OCDE demande qu’elles soient revues à la baisse, sauf pour ce qui est du nombre d’annuités ? Voici ce qu’a prévu l’OCDE pour sa propre gueule : « L’âge limite de la retraite est de 65 ans mais les agents peuvent prétendre dès 63 ans, et après au moins 10 ans de service, à une pension s’élevant à 2 % de leur dernier traitement de base par année de service, jusqu’à un montant maximum de 70 % après 35 ans de service. Une pension réduite peut être payée aux agents prenant leur retraite, dès l’âge de 51 ans ». Vous avez bien lu : 70% du traitement après 35 ans ! Quant à la couverture maladie, elle est également sympa : « L’OCDE a un excellent système d’assurance médicale et sociale. Très complet, il comprend des congés maladie et maternité payés. L’assurance médicale couvre les membres du personnel et leur famille. Les contributions sont prélevées au taux de 2.5 % du traitement de base pour l’assurance maladie et les accidents du travail ». Système très complet pour 2,5% du traitement ! Si j’avais la place, je vous ferais rêver avec les indemnités d’expatriation ou de voyages et de déménagement ! C’est clair, les conseilleurs ne sont pas les payeurs ! C’est tout le monde qui paye. Autrement dit, les cons payeurs ne sont pas les seigneurs !
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